Les écrans ont pris une place prédominante dans notre quotidien. Depuis une quinzaine d’années, nous sommes passés d’1 écran par famille en moyenne à 4 ! Les enfants n’y échappent pas ! Entre la télévision, l’ordinateur, la tablette, les smartphones et autres appareils connectés, difficile de limiter l’accès à un écran.
C’est pourtant essentiel, car les écrans ont un impact sur le développement de votre enfant. Il ne faut pas non plus diaboliser les appareils électroniques. Ils font partie de notre existence et interdire leur usage n’amènent que frustration et désobéissance. Pour autant, nous pouvons trouver un juste milieu en se basant sur des études récentes qui préconisent un usage modéré des écrans.
Les écrans chez les enfants
Les enfants sont naturellement attirés par l’écran. C’est une source de stimulation qui agit sur l’esprit comme le sucre sur nos papilles. Nous en voulons encore et encore et il est difficile de s’arrêter.
En premier lieu, il est important de ne pas culpabiliser l’enfant à cause de ça et d’éviter les punitions ou les restrictions qui pourraient amener un manque et des situations conflictuelles. Si votre enfant passe trop de temps devant les écrans, vous pouvez d’abord commencer par voir ensemble pourquoi il ne faut pas passer trop de temps devant un écran.
Les études sur les dangers de l’écran
Il existe de nombreuses études, mais elles sont principalement effectuées aux États-Unis. En France, nous manquons encore de recul pour pouvoir énoncer des vérités. Les études sont difficiles à mener et il est quasiment impossible d’isoler l’impact des écrans du contexte social et familial de l’enfant. Ainsi, de nombreuses études démontrent qu’un temps prolongé devant l’écran a un impact sur le développement cognitif de l’enfant, mais cela est aussi en lien avec le manque d’échanges avec les parents.
Entre 0 et 6 ans, les enfants ont besoin de beaucoup échanger avec leurs parents et leurs camarades. La télévision ou les jeux vidéos enlèvent cette possibilité. Ainsi, ce n’est pas tant l’écran en soi qui pose problème, mais le fait qu’il nous coupe des autres.
Troubles du développement cognitif
Des études sérieuses ont toutefois été menées et proposent des diagnostics plutôt fiables. Une étude canadienne a observé l’impact d’une exposition à la télévision prolongée chez les enfants de 0 à 2 ans et a constaté une diminution des capacités motrices et cognitives des enfants. Certains neuropsychiatres comme Boris Cyrulnik estiment qu’un enfant ne devrait pas avoir accès à un écran avant l’âge de trois ans tant son besoin de lien et d’échange est essentiel à son développement.
Les effets constatés sont variés et variables en fonction de l’individu. Il est cependant reconnu qu’une exposition prolongée aux écrans provoque des troubles de la concentration. En effet, les écrans sur-stimule le cerveau ce qui l’empêche ensuite d’apprécier la vie « réelle ». Les écrans impactent aussi, et sans surprise, la sociabilisation de l’enfant, et ce, jusqu’à tard dans son éducation.
Troubles physiques
Au niveau physique, des études montrent que les enfants qui passent plus de 2 heures par jour devant les écrans présentent des troubles moteurs. Cela vient du fait notamment que l’écran est en deux dimensions et que l’enfant a besoin d’expérimenter la vie réelle avec ses dix doigts en prenant des objets en trois dimensions.
L’écran amène aussi l’immobilisme, alors que le corps de l’enfant a sans cesse besoin de bouger. Ainsi, des études américaines ont montré le lien entre le temps passé devant un écran et le taux d’obésité.
L’écran chez les adolescents
L’usage de l’écran est préoccupant pour les enfants en bas âge, ; mais il n’est pas moins dangereux pour les adolescents. Aujourd’hui, en France, les adolescents sont presque tous équipés d’un smartphone et peuvent passer jusqu’à 7 heures par jour devant un écran en comptant la télévision, le portable, la tablette et l’ordinateur. Les effets négatifs sur l’adolescent sont similaires à ceux qui affectent les enfants en bas âge.
L’obésité
L’obésité est l’un des fléaux les plus répandus chez les adolescents. Ses causes sont multiples, mais le temps passé devant l’écran en fait partie. Les écrans nous amènent à moins bouger, à rester prostré sur une chaise, un canapé ou sur le lit. Ils stimulent l’esprit sans stimuler le corps.
De plus, il est commun que les écrans nous donnent envie de manger. Le grignotage est l’un des premiers facteurs d’obésité et il arrive souvent lorsque l’on regarde quelque chose. C’est presque automatique pour certaines personnes. La télévision n’est pas innocente à cette mode. Les pubs sont souvent centrées sur des produits à consommer. La télé donne faim !
La dépression
Les adolescents sont particulièrement touchés par la dépression, d’autant plus dans une période comme celle que nous traversons. Entre le covid, le réchauffement climatique et la peur d’un avenir morose, difficile d’avoir envie de grandir. Les écrans n’aident pas dans ce sens. La télévision est saturée d’informations négatives ou alors d’émissions qui vantent les mérites des stars qui nous éloignent de la vie quotidienne et ne nous aident pas à nous sentir bien dans notre corps.
Les réseaux sociaux ne favorisent pas non plus le bonheur, surtout pour les personnes qui ne sont pas actives. Si votre enfant se contente de consommer des images et des posts de manière passive, alors il risque de nourrir un spleen quotidien. Des images de personnes en apparence parfaites, des commentaires ou des critiques parfois violentes. Le harcèlement en ligne est aussi très présent et le web n’est pas un endroit plus sécurisé que la cour de récréation. La distance ne protège pas toujours.
Le sommeil
Les écrans sont aussi néfastes pour la qualité du sommeil. En effet, la lumière bleutée de l’écran et la sur-stimulation liée aux images qui défilent provoquent une agitation mentale qui empêche votre enfant de s’assoupir tranquillement. La qualité du sommeil dépend aussi du type de programme que l’on regarde. Ainsi, certaines images vont perturber le sommeil d’une manière différente suivant l’âge et la sensibilité de l’enfant.
D’un point de vue scientifique, les écrans affectent le niveau de la mélatonine, ce qui nous empêche de reposer nos yeux et de plonger dans le sommeil.
Échec scolaire
C’est une conséquence classique d’un temps d’écran prolongé. Certes, les ordinateurs peuvent nous aider dans beaucoup de tâches, mais les écrans sont le plus souvent utilisés à titre récréatif. Dans ce cas, les programmes sont courts et les images défilent à une telle vitesse que nous perdons le lien avec le réel. Nous perdons en capacité de concentration. Cela affecte aussi la curiosité car l’écran a tendance à tout nous donner prémâché. Par exemple, une recherche Google stimulera beaucoup moins que d’aller chercher la réponse dans une encyclopédie.
Anxiété
L’anxiété est générée par le fait d’être constamment en lien virtuel avec des gens, sans pour autant être vraiment avec eux. Il peut y avoir de l’anxiété pour recevoir une réponse. On peut le noter chez les personnes qui regardent toutes les 5 minutes leurs portables pour voir si on leur a répondu. Instagram et les autres réseaux sociaux créent aussi de l’anxiété avec le contenu sans cesse renouvelé qui fait penser à une course effrénée qui ne se termine jamais. En un mot, ça manque de sérénité.
Que faire pour limiter l’impact négatif des écrans ?
Les écrans sont là et vous pouvez faire tous les efforts du monde, il sera très difficile d’empêcher vos enfants de les utiliser. Cette solution ne sera jamais véritablement efficace et amènera plus de conflits qu’autre chose. Mais il existe des astuces pour limiter l’usage de l’écran tout en gardant la paix dans les familles.
Faites ce que je dis… et pas ce que je fais
Première étape, l’auto-observation. Nous parlons des enfants, mais l’impact des écrans sur les adultes est tout aussi nocif. Quel est votre rapport à l’écran, l’utilisez-vous souvent ? À quelle fréquence ? Quel exemple donnez-vous à votre enfant ?
Vous ne pouvez pas demander à votre enfant de passer moins de temps sur son portable si vous avez votre nez collé au vôtre. Un minimum de cohérence est nécessaire. Si vous travaillez sur un écran ou que vous devez toujours être joignable, essayez de prendre des temps dédiés à l’écran et le plus possible en dehors de la vue des enfants. Ils ressentiront moins d’injustice ainsi.
En tout cas, le principe est simple. Les enfants apprennent principalement par mimétisme. Vous êtes leur premier exemple, il faut le prendre en compte. Si vous-mêmes n’arrivez pas à réduire votre temps d’écran, nous vous conseillons de juste lâcher prise avec votre enfant ! Vous pouvez aussi profiter de cela pour faire un challenge avec votre adolescent. Fabriquez ensemble une boîte à portable et promettez-vous qu’entre 18 et 20 heures par exemple, vous n’y toucherez pas !
Modération
Vous l’avez compris et vous l’avez peut-être déjà expérimenté, l’interdiction ne fonctionne pas. Il est préférable de jouer la carte de la modération. En effet, l’écran n’est pas le diable. Ses impacts négatifs sont surtout liés à l’usage qu’on en fait et les liens qu’ils remplacent. Si les réseaux sociaux sont utilisés pour garder un lien qui existe également au niveau physique, alors c’est beaucoup mieux. Ils permettent de prendre rendez-vous et participer à des événements.
Pour inviter vos adolescents à la modération, il est préférable d’en parler d’abord avec lui. A-t-il conscience du temps qu’il passe devant un écran ? Faites un jeu avec lui dans lequel vous allez participer. Vous faites une compétition pour voir qui passe le moins de temps sur un écran. Prenez un bloc note et calculez ensemble, jour après jour. À la fin de la semaine, faites l’état des lieux. L’idée n’est pas de culpabiliser, mais de prendre conscience.
Votre enfant se rendra compte lui-même qu’il passe beaucoup de temps. Demandez-lui s’il veut limiter cette durée avec vous et lancez-vous un défi. C’est préférable si toute la famille y participe. Vous pouvez instaurer des règles ensemble. Par exemple :
Pas d’écrans pendant les repas.
Des études ont démontré l’impact négatif des écrans sur la digestion. Quand on regarde une émission ou quelque chose, on mange plus vite et on digère moins bien. De nombreux maux de ventre proviennent de cette habitude.
Les repas sont aussi des moments conviviaux où nous pouvons échanger sur nos journées. Si ces moments sont une corvée que les membres de votre famille insistent pour garder la télé allumée, c’est qu’il y a une grosse discussion à avoir.
Pas d’écran un jour par semaines
Il est préférable de choisir le dimanche. Ne le faites pas toute la journée, mais du matin jusqu’à 18 heures par exemple. Ainsi toute la famille est présente et doit se « forcer » à trouver des activités à faire ensemble. Sortez les jeux de société s’il pleut ou partez en balade !
Établissez un couvre-feu
C’est l’étape la plus difficile et pourtant la plus importante. Ce n’est pas toujours facile avec les horaires de la télé, mais avec Internet vous avez plus de flexibilité. Instaurez un couvre-feu qui débute au moins une heure avant le coucher pour permettre aux yeux et au cerveau de se mettre en mode « sommeil ». N’appliquez le couvre-feu que 4 ou 5 jours par semaine et offrez-vous des soirées écrans ensemble.
Donnez un but à l’écran
Dernier petit conseil pour la route, les écrans peuvent être des outils merveilleux. Parlez-en avec votre enfant pour voir ce qu’il aime dans l’écran et quels sont ses besoins remplis par eux. Ainsi, vous pouvez trouver des alternatives sans écrans pour certains besoins et l’aider à conscientiser pourquoi il recherche l’écran. Si c’est l’ennui, parlez-lui des bienfaits de l’ennui et invitez-le à prendre à chaque 10 minutes avant de prendre le portable. Pendant ces 10 minutes, il peut lire un livre ou faire autre chose, pour voir si ça suffit.
Le mot de la fin
Les écrans sont géniaux, nous les aimons tous et avons tous du mal à nous en passer. C’est pourquoi il ne faut pas se battre contre eux. Les machines auront le dernier mot de toute façon ! Nous pouvons cependant apprendre à les utiliser en conscience pour limiter les impacts négatifs sur notre santé. Pour cela, le collectif est important. Au lieu de l‘interdiction, proposer un effort commun vers moins d’écran et plus de temps ensemble.