L’arrivée du Covid dans notre quotidien a perturbé un grand nombre de nos habitudes. Face à la crise, l’État n’a eu d’autres choix que de mettre le pays en confinement le 19 mars 2020. Toute la France s’est retrouvée d’un coup sommée de rester chez elle. Ainsi, ce sont des millions d’enfants qui se sont soudainement retrouvés confinés chez eux. Si la plupart ont pu bénéficier du soutien d’un de leur parent ou des grand-parents, certains enfants se sont retrouvés abandonnés à eux-mêmes étant donné que leurs parents travaillaient. D’autres ont dû apprendre à cohabiter avec un parent en télétravail, et ce n’était pas forcément plus simple. Les effets du Covid et du confinement sur les enfants sont multiples. Sont en jeu des aspects aussi divers que la santé, le lien social ou encore l’éducation.

L’école à domicile

Les écoles et les universités n’ont pas profité du confinement pour offrir des vacances aux élèves. Le programme a continué et les parents se sont retrouvés dans l’obligation d’accompagner leurs enfants pour continuer le cursus scolaire. Beaucoup se sont rendu compte que le métier d’instituteur ou professeur est un métier très prenant et qui n’est pas donné à tout le monde ! Une manière d’apporter un peu de reconnaissance à la profession. Les enfants, eux, ont dû apprendre à la maison.

Les difficultés de l’école à domicile

L’école à domicile est un art qui ne s’enseigne pas du jour au lendemain. Cela demande des habitudes et une discipline particulière. En effet, l’enfant a ses habitudes à l’école. Dès qu’il pénètre dans l’enceinte, il connaît les règles et sait exactement comment il doit se comporter. À la maison, la frontière entre la vie personnelle et scolaire est invisible et il n’est pas toujours facile de s’y retrouver !

Il était préconisé de respecter un emploi du temps similaire à celui de l’école. Se lever aux mêmes horaires, respecter les heures de classe et les pauses. Que ce soit pour les enfants ou les adolescents, la discipline des horaires est déterminante. Mais dans les faits, rares sont ceux qui ont réellement réussi à respecter les emplois du temps fixés par le cursus scolaire. Les adolescents avaient tendance à se lever plus tard, à prendre plus leur temps pour leur petit-déjeuner, mais aussi à terminer plus tôt. C’était particulièrement le cas si le parent n’était pas disponible pour s’occuper d’eux. Certains ont eu la bonne idée de travailler à la maison dans un espace dédié. Ils ont invité leurs enfants à leur bureau pour les motiver. Mais beaucoup n’avaient pas ce luxe.

Des études ont montré que pendant la durée du confinement, les enfants avaient perdu une quinzaine de jours d’école en primaire et plus d’une trentaine au second cycle.

L’école fonctionne aussi bien grâce aux autres. La présence de camarades de classe apporte une émulation et une motivation qui pousse l’enfant à accomplir des tâches. Il veut bien faire ou juste, faire comme les autres. C’est difficile de paresser quand tous les autres sont au travail. À la maison, seul dans sa chambre, c’est une autre histoire ! Il est beaucoup plus facile de laisser son esprit divaguer et oublier ses tâches.

Le confinement a également un gros impact par rapport à l’interdiction de sortir plus d’une heure par jour et ce, dans un périmètre réduit. Un gros handicap pour les jeunes qui ont tant besoin de se défouler et de s’aérer. Travailler 6 à 8 heures par jour dans un espace fermé sans pouvoir sortir plus d’une heure est un gros handicap que certains élèves ressentent fortement. Parmi les effets secondaires de cette implication, nous retrouvons une augmentation de l’anxiété chez les jeunes, des comportements agressifs, et une perte de concentration et de motivation générale.

Pour assurer la continuité pédagogique, les professeurs, notamment au lycée et dans les études supérieures, ont proposé de suivre les cours à distance par l’intermédiaire d’Internet. C’est une bonne idée en soi, mais il est très différent d’apprendre une leçon avec un professeur en vrai. Beaucoup d’élèves n’ont tout simplement pas réussi à se captiver pour les cours de cette manière. Il est plus difficile de se concentrer face à un écran. Revient là aussi l’absence de camarade qui invite plus à l’assoupissement et la diversion. D’autant que les ordinateurs permettent de faire autre chose en même temps.

Un autre impact lié aux écrans est la fatigue oculaire et les effets sur le cerveau. Les jeunes passent déjà trop de temps devant un écran, avec le confinement, ce temps a doublé ! Et avec l’incapacité de s’aérer proprement après une séance de cours, les résultats sont catastrophiques sur la santé.

Faire ses devoirs n’a jamais été l’activité préférée de nos jeunes. Lors du confinement, ils n’ont eu d’autres choix que de travailler toute la journée seul. Certes les chats et les vidéoconférences ont pu aider un peu, mais c’était une maigre consolation. Il est beaucoup plus difficile de se motiver quand on est seul et les questions posées aux professeurs n’ont pas forcément de réponse immédiate. Cette situation a amené beaucoup de découragement.

Des impacts forts qui s’inscrivent sur la durée

Des études menées par différents organismes ont montré que le confinement a augmenté les disparités en matière d’éducation. Les élèves qui avaient déjà des difficultés pour se concentrer à l’école en ont encore plus en se retrouvant à la maison. De plus, ces élèves étaient souvent confrontés à un environnement familial compliqué, ce qui n’a pas été arrangé par le confinement, loin de là. Ainsi, nous avons vu également une recrudescence des violences familiales sur les enfants.

Continuité pédagogique

Le gouvernement a fait un choix fort en décidant de fermer les écoles tout en gardant la continuité pédagogique. Les instituteurs et les professeurs se sont retrouvés du jour au lendemain avec la lourde tâche de continuer à faire la classe… sans avoir d’élève en face d’eux ! Une situation très complexe qui a soulevé beaucoup de débats.

D’une part les parents se sont sentis désœuvrés face à l’ampleur de la tâche. Cette situation a amené des conflits familiaux qui n’ont pas arrangé une situation déjà compliquée. D’autre part, les parents ne sont pas formés à l’enseignement pédagogique et n’ont pas pu vraiment remplacer les instituteurs et les professeurs. La continuité pédagogique fut une douce utopie qui n’a pas vraiment fonctionné.

Décrochage scolaire

L’une des conséquences les plus graves liées au confinement est le décrochage scolaire. Le ministère de l’éducation nationale a effectué une étude qui a montré qu’entre 5 et 8 % des élèves se sont retrouvés en situation de décrochage scolaire dû à au Covid. Cela représente un peu plus de 500 000 élèves. Les décrocheurs sont les élèves qui ont tout simplement disparu des radars, qui ne se sont pas connectés. Ce nombre est à ajouter au 30% des élèves des établissements les plus sensibles qui se sont désintéressés des études suite au confinement.

Le décrochage scolaire est malheureusement souvent permanent une fois que l’élève a enclenché le processus. Le désintéressement pour les études perdure et il est très difficile de le ramener à l’école ou de provoquer à nouveau de l’envie pour étudier. Ainsi, la prévention du décrochage scolaire doit être une priorité, avant qu’il ne soit trop tard.

Inégalités scolaires

Le décrochage ne vient pas que du confinement. Il est symptomatique des inégalités scolaires qui sont flagrantes dans le système scolaire français. En effet, il existe de grandes disparités entre les élèves en fonction de leur situation familiale et de leur classe sociale. Pendant les 10 dernières années, une étude récente a montré que la France était l’un des pays européens où l’origine sociale des élèves pesait le plus sur leurs résultats.

Dans ce contexte particulier, le confinement n’a fait qu’aggraver la situation de ces élèves qui étaient déjà défavorisés par rapport à d’autres. L’un des plus gros facteurs d’inégalités scolaires est justement le travail à la maison. Les élèves qui sont accompagnés pour leur devoir à la maison ont beaucoup plus de chance de réussir à l’école. Les autres sont fortement pénalisés. D’autres facteurs entrent en jeu par rapport au domicile. Les enfants qui doivent partager leur espace avec un frère ou une sœur ne sont pas avantagés. D’autres évoluent constamment dans le bruit ou les disputes. L’accès à un ordinateur ou des livres n’est pas le même. Enfin, sans cantine, certains enfants n’ont plus accès à des repas équilibrés tous les jours.

Solitude

L’isolement est un véritable fléau pour les enfants, notamment les adolescents qui ont tant besoin de relations sociales pour s’épanouir au quotidien. Certes les réseaux sociaux ont permis de compenser le manque de contact physique, mais ce n’est tout de même pas la même chose. Les adolescents qui se retrouvent isolés montrent souvent des troubles du sommeil, des crises d’angoisses et d’anxiété et peuvent aussi tout simplement tomber en dépression.

La dépression est très répandue chez les adolescents. Une étude a calculé qu’environ 8 % des adolescents entre 12 et 18 ans souffrent de dépression. Tous ne sont pas suivis par des psychologues et l’état dépressif peut s’aggraver, parfois sans que les parents le réalisent.

En effet, l’adolescence est qualifiée comme une période compliquée où l’enfant n’en fait qu’à sa tête et n’a juste pas envie de voir ses parents. Mais souvent, ce type de comportement montre des carences affectives et sociales qui se répercutent dans la vie quotidienne. Le rôle des parents est essentiel pour déceler les premiers symptômes d’une dépression qui peut amener l’enfant jusqu’au suicide.

Pendant le confinement, le sentiment de solitude de certains jeunes est arrivé à son paroxysme. Dans ce contexte, les parents avaient la lourde tâche d’être très vigilants pour prévenir tout accident. Eux-mêmes ne vivaient pas le confinement comme une partie de plaisir et beaucoup se sont senti dépassés. Il existait certes des numéros verts et des sites Internet pour demander de l’aide à des spécialistes. Mais le simple fait d’effectuer la démarche peut en rebuter plus d’un.

Et maintenant ?

Le confinement est passé, le deuxième a duré moins longtemps et son impact fut moindre. Depuis, les établissements scolaires se sont adaptés pour prendre des mesures en conséquence. Si tout se passe bien et si le gouvernement arrive à tenir ses promesses, nous n’en reverrons plus. Cependant, comme nous l’avons vu précédemment, le confinement a eu des impacts durables sur les enfants et les adolescents dont la situation scolaire n’était pas optimale. Que faut-il faire avec ces enfants-là ?

Plusieurs solutions. Premièrement, ne vous mettez pas à la charge de l’éducation de votre enfant seul. S’il est dans une situation d’échec scolaire, consultez un psychologue qui pourrait aider à trouver la source de ce problème. Aménagez votre emploi du temps pour être présent pour votre enfant et chercher des alternatives pour lui. Certaines écoles ou lycées proposent des enseignements différents comme les écoles Steiner, Montessori ou encore Frenet. Peut-être que le problème vient aussi de la structure et du type d’enseignement. Il ne faut pas hésiter à explorer en dehors des sentiers battus. L’éducation de votre enfant est primordial et son bien-être est une priorité absolue.

Dans tous les cas, nous pouvons apprendre de cette expérience que le lien social est déterminant pour l’épanouissement d’un enfant. Plus jamais nous ne devrions accepter de l’isoler dans sa chambre pendant plusieurs semaines. L’impact est dangereux, que ce soit sur sa santé mentale, physique ou émotionnelle. Pour l’heure, le confinement est terminé, nous pouvons reprendre une vie normale et accompagner nos enfants pour qu’ils se sentent en sécurité dans le monde qui les attend.

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